Utilisation prioritaire des tests virologiques RT PCR et rôle des SSTI
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a été saisi et a rédigé un avis sur la prise en charge des EHPAD (Avis, du 8 avril 2020, relatif à la prise en charge à domicile ou en structure de soins des cas de COVID-19 suspectés ou confirmés).
Le site du Ministère de la santé reprend dans un document la conduite à tenir en EHPAD (Informations sur la conduite à tenir envers les professionnels et publics (familles et personnes accueillies) en phase épidémique de coronavirus COVID-19 – 20 mars 2020).
Le Président de la République a annoncé le 13 avril que des tests seraient prioritairement déployés dans certains secteurs.
Les ARS et les préfets ont reçu une instruction en ce sens (Instruction du le déploiement des nouvelles capacités de tests de dépistage – 9 avril 2020)
Il y est précisé les populations prioritaires pour lesquelles ces tests seront réalisés (personnels soignants, personnels et résidents des établissements médico-sociaux et en particulier les EHPAD, détenus et personnels de l’administration pénitentiaire, personnes accueillies dans les structures collectives d’hébergement d’urgence, équipes critiques des opérateurs d’importance vitale), ainsi que les modalités de mise en œuvre.
1/ Doctrine d’utilisation prioritaire des tests virologiques RT PCR
Il est rappelé qu’en phase épidémique, les patients présentant des signes de COVID-19 ne sont plus systématiquement confirmés par test biologique (RT-PCR SARS-CoV-2). Les tests pour recherche du virus SARS-CoV-2 font l’objet d’une priorisation.
Le Gouvernement souhaite déployer en priorité les nouvelles capacités de tests vers les populations suivants :
- Les personnels soignants,
- Les personnels et résidents des établissements médico-sociaux, et en particulier les EHPAD,
- Les détenus et les personnels de l’administration pénitentiaire,
- Les personnes accueillies dans les structures collectives d’hébergement d’urgence,
- Les équipes critiques des opérateurs d’importance vitale.
Concernant les cas possibles au sein d’une structure d’hébergement collectif (établissements sociaux et médico-sociaux, hébergements d’urgence, centres pénitentiaires, la stratégie de dépistage évolue de la manière suivante :
- a) Dans les établissements sans cas de CoVid-19 connus :
- Tout professionnel de santé ou personnel des structures médico-sociales présentant des symptômes évocateurs de COVID-19doit être isolé et testé par un test RT-PCR sans délai. Si un premier cas est confirmé parmi ces personnels, l’ensemble des personnels doivent bénéficier d’un test par RT-PCR. Les cas positifs devront faire l’objet d’une mesure d’éviction qui sera levée selon les modalités prévues par le Haut Conseil de la santé publique du 16 mars 2020 relatif aux critères cliniques de sortie d’isolement des patients ayant été infectés par le SARS-CoV2. Les tests sont réalisés systématiquement en dehors de l’établissement.
- Il est recommandé de tester par RT-PCR le premier résident symptomatique dès l’apparition de symptômes évocateurs de COVID-19. Dans la mesure du possible, les premiers cas parmi les résidents d’un établissement indemne seront pris en charge en milieu hospitalier ou feront l’objet d’un isolement strict en chambre individuel. L’ensemble des personnels de santé ou personnels des structures médico-sociales de l’établissement devront bénéficier d’un test par RT-PRC. Les tests peuvent être réalisés au sein de l’établissement.
- b) Dans le cadre des établissements avec cas CoVid 19 connus actuellement :
- Nous rappelons que, conformément aux recommandations du HCSP, il est recommandé de tester :
- Les trois premiers patients dans le cadre de l’exploration d’un foyer de cas possibles au sein d’une structure d’hébergement collectif ‘en particulier collectivités de personnes âgées mais aussi lieu d’accueil pour les personnes avec un handicap, milieu carcéral, caserne, résidence universitaire…) ;
- Dans les situations ou les établissements peuvent organiser des isolements spécifiques des résidents cas confirmés en créant des secteurs dédiés, les tests peuvent être étendus au-delà des trois premiers patients pour mieux caractériser l’extension de l’épidémie au sein de l’établissement et documenter les réorganisations internes de résidents et de personnels. De la même façon, dans le cas de résidents pour qui l’isolement pourrait entrainer des conséquences psychologiques ou physiques difficiles, un test peut être réalisé pour confirmer ou non la nécessité d’un isolement.
Pour le cas spécifique des personnes sans domicile fixe ou hébergées en centres d’hébergement malades, elles devront être testées systématiquement en amont de leur orientation en centres d’hébergement spécialisés pour malades COVID 19 non graves.
Même si les SSTI n’en ont pas été destinataires, certains d’entre eux sont sollicités directement par les EHPAD pour mettre en œuvre l’organisation des tests.
Quelle est la justification scientifique de l’intérêt de cette systématisation des tests dans les EHPAD ?
- Un test RT PCR fait une fois s’il est positif permet de déclencher l’éviction du COVID+ et de rechercher les cas contact.
- Un test négatif, réalisé une seule fois chez un travailleur qui n’est pas confiné, ne prédit pas une non-contagiosité pour les jours suivants.
Pour mémoire, les sérologies ne sont pas évaluées actuellement (HAS – Cahier des charges définissant les modalités d’évaluation des performances des tests sérologiques détectant les anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2 – 16 avril 2020).
L’essentiel
- La seule technique de diagnostic biologique du COVID-19 recommandée à ce jour est le test moléculaire par RT-PCR permettant la détection du génome du coronavirus SARS-CoV-2.
- Les tests sérologiques ne sont pas recommandés dans le cadre du diagnostic précoce de l’infection COVID-19 lors de la première semaine suivant l’apparition des symptômes.
- Les tests sérologiques ne permettent pas de statuer sur la contagiosité de la personne.
Les tests sérologiques permettent uniquement de déterminer si une personne a produit des anticorps en réponse à une infection par le virus SARS-CoV-2.
- La cinétique de production des anticorps contre le virus est encore aujourd’hui mal caractérisée principalement chez les patients asymptomatiques. La durée de protection éventuelle est également mal connue.
- Il est primordial que les tests sérologiques puissent être validés sur leurs premières performances analytiques et cliniques dès aujourd’hui avant leur achat et leur utilisation en routine.
- C’est pourquoi, la HAS propose le présent cahier des charges qui détaille des critères de qualité et d’exigence vis-à-vis de l’ensemble des tests sérologiques détectant les anticorps spécifiques dirigés contre le SARS-CoV-2 afin de faciliter leur développement et leur évaluation.
- La HAS considère que les valeurs seuils minimales sont estimées à 98 % pour la spécificité clinique et à 90 % ou 95 % selon l’usage du test pour la sensibilité clinique.
- La HAS recommande de disposer des résultats des évaluations de performances menées sur la base des éléments du présent cahier des charges préalablement à tout achat et utilisation de tests sérologiques.
- La stratégie d’utilisation de ces tests sera précisée dans un prochain avis.
Par ailleurs, la mise en œuvre des tests par les médecins du travail, telle qu’annoncée par l’ordonnance n° 2020-386 du 1er avril 2020 adaptant les conditions d’exercice des missions des services de santé au travail à l’urgence sanitaire et modifiant le régime des demandes préalables d’autorisation d’activité partielle, n’est pas applicable actuellement car le texte réglementaire qui doit préciser ce point est en attente de parution.
Exemple de mise en œuvre de cette instruction dans une région :
En région Grenobloise, le Professeur Bonneterre et les SSTI ont répondu à cette demande de l’ARS de façon coordonnée.
En lien avec les directions des SSTI de l’Isère, chaque médecin du travail en charge d’EHPAD a été identifié, afin de lui transmettre les informations des prélèvements et des résultats lorsqu’ils concernent l’établissement dont il a la charge.
Une carte des EHPAD de l’Isère a été construite à cette occasion. Elle permet des recherches, de visualiser leur emplacement et d’obtenir différentes données, notamment le contact des SSTI et des médecins du travail correspondants.
Cette centralisation a vocation à améliorer l’efficience, notamment en permettant aux directions d’EHPAD d’avoir rapidement accès au médecin du travail, comme c’est le cas avec les professionnels de l’hygiène et de la gériatrie.
Carte interactive des EHPAD Iséroises, distinguées selon le SST en charge de l’établissement
Pour en savoir + :
Exemple d’adaptation du suivi des professionnels des EHPAD en Isère en période de pandémie